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France, Paris 

 Musée de la libération de Paris - Musée du Général Leclerc - Musée Jean Moulin

© Texte & photos Eric Bahari, publié le 24 février 2020


Le musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin a ouvert ses portes dans son nouveau site place Denfert-Rochereau à l'occasion du soixante-quinzième anniversaire de la libération de Paris. Ce musée rend également hommage au Général Leclerc et à Jean Moulin, figures héroïques de la seconde guerre mondiale. 

Le musée évoque les thématiques suivantes : La résistance à travers notamment le parcours de Jean Moulin. La  Libération de Paris avec la 2ème DB du Général Leclerc. Une plongée souterraine à vingt mètres sous le musée permet de visiter l'abri de défense passive utilisé comme poste de commandement par le colonel Rol (futur Rol-Tanguy), pendant la libération de Paris.  



Le projet architectural a été mené par Christophe Batard (agence Artene), architecte en chef des Monuments Historiques et la scénographie est signée Marianne Klapisch (agence Klapisch-Claisse).


La Ville de Paris décide en 2015 de donner une visibilité nouvelle au musée. Le choix est fait de transférer le musée dans un lieu plus accessible, mais aussi porteur des traces de la Libération de Paris : les pavillons de l’architecte Claude-Nicolas Ledoux conçus en 1787 place Denfert-Rochereau.

En effet un haut lieu de commandement de la Libération de Paris se cache dans le sous-sol du pavillon Ouest : un abri de défense passive utilisé comme poste de commandement par le colonel Rol, le chef des FFI de la région parisienne, dès le début de l’insurrection populaire contre l’occupant le 19 août 1944. 


L’architecte Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) est nommé en 1764 architecte ingénieur des Eaux et Forêts, puis architecte de la Ferme générale. Il réalise de nombreux édifices, tels le pavillon de musique de Madame Du Barry à Louveciennes, inauguré en 1771, ou le théâtre de Besançon, inauguré en 1784.

 Il est surtout célèbre pour la construction de la saline royale d’Arc-et-Senans, dans le Doubs, édifiée entre 1774 et 1779. Il se voit confier la réalisation des barrières de l’octroi à Paris en 1785. 

Les pavillons de la barrière d’Enfer font partie de cette enceinte, composée de 24 kilomètres de murs et d’une cinquantaine de barrières, où était perçu le paiement de la douane sur les marchandises entrant dans Paris.




Le parcours de visite, chronologique, correspond à l’action de Jean Moulin et de Philippe de Hauteclocque (le Général Leclerc) dans la France de l’entre-deux-guerres, la débâcle de juin 1940 durant l’occupation, dans la Résistance intérieure et pendant les combats jusqu’à la libération du territoire, dont Paris est resté le plus fort symbole.




Salle 1 : PARIS D’UNE GUERRE À L’AUTRE (1918-1939)
Dans les années 1920 la France se relève de la Première Guerre mondiale, mais la crise économique des années 1930 la plonge dans un climat social et politique tendu.

Salle 2 : JEAN MOULIN, PHILIPPE DE HAUTECLOCQUE, DEUX SERVITEURS DE LA FRANCE (1918-1940)
Philippe de Hauteclocque et Jean Moulin sont nés avant la Première Guerre mondiale. Des objets et des photographies évoquent leur enfance et les premiers postes qu’ils ont occupés. La formation et les affectations de Philippe de Hauteclocque sont évoquées au travers de sa vareuse et de son burnous, datant de ses années au Maroc. Les skis de Jean Moulin et sa boite de pastels racontent les activités sportives et artistiques du préfet.
La guerre est déclarée le 3 septembre 1939. Les deux hommes sont animés par un même sentiment patriotique. Le capitaine de Hauteclocque rejoint la 4e division d’infanterie, mais Jean Moulin doit rester en poste à Chartres.
Les opérations prennent cependant une tournure inattendue. Après 8 mois de guerre, les Allemands envahissent la France en quelques semaines.

Salle 3 : LE PREFET MOULIN FACE À L’EXODE
Le dispositif installé dans le vestibule du pavillon montre l’Exode et l’action du préfet Moulin, grâce à une installation constituée de plaques au sol, mêlant photographies, ’films d’archives, citations, cartes animées. Une ambiance sonore évoque cette période tragique.


Jean Moulin photographié par son ami Marcel Bernard à Montpellier durant l'hiver 1939 - 1940.

Jean Moulin, né le 20 juin 1899 à Béziers et mort le 8 juillet 1943 près de Metz, en Moselle annexée, est un haut fonctionnaire et résistant français. Préfet de l'Aveyron puis d'Eure-et-Loir, refusant l'occupation nazie, il rejoint en septembre 1941, l'organisation de résistance la France libre à Londres en passant par l’Espagne et le Portugal.



Jean Moulin a dissimulé des microphographies dans cette boite d'allumettes,  afin de les caher et de les protéger lors de son parachutage.

Toile de protection des ordres de Moulin. les ordres originaux du général de gaulle ont été placés dans cette toile protectrice imperméable, glissée dans une poche intérieure de la combinaison de saut.



Valise de Jean Moulin.

En mars 1943, le retour de Londres s'effectue clandestinement par avion. Jean Moulin peut donc prendre une valise. Cet objet recèle encore un mystère : Y a-t-il des documents cachés  dans sa poignée ?





Leclerc à Castel Benito (Lybie), le 27 janvier 1943




Salle 4 : LE CAPITAINE DE HAUTECLOCQUE À L’HEURE DU CHOIX (ÉTÉ 1940)
Un dispositif audiovisuel détaille les positions du chef du gouvernement le maréchal Pétain, du général de Gaulle, de Jean Moulin et de Philippe de Hauteclocque. Ce dernier va rejoindre le Royaume-Uni sous son nom de Leclerc, comme en témoigne sa carte d’identité anglaise. La mission qui lui est con’fiée l’envoie en Afrique équatoriale française.

Salle 5 : PARIS OCCUPÉ (JUIN 1940-AOÛT 1944)
Le 14 juin 1940, les troupes allemandes entrent en vainqueurs dans Paris. Le maréchal Pétain, chef du nouvel État français et le gouvernement basé à Vichy mettent en œuvre une politique de collaboration avec l’Allemagne. Des objets montrent la propagande maréchaliste, des journaux, af’fiches, brochures dénoncent l’ « anti-France ». La collaboration économique et politique s’affi’che dans Paris occupé. Au quotidien, la vie devient de plus en plus diffi’cile, le rationnement est organisé par un système de cartes et de tickets et les matières premières manquent. 

Salle 6 : RESISTANCE ET REPRESSION
Dans l’ombre, des hommes et des femmes agissent contre l’Occupant au risque de leur vie. Des tracts montrent la diversité de leur action de propagande, un matériel de faussaire évoque la fabrication de faux-papiers pour les clandestins. Face à ces volontés déterminées, incarnées par des portraits de résistants et de résistantes, la répression est d’une brutalité sanglante : internements, déportations, exécutions. 



Salle 7 : JEAN MOULIN, UNIFICATEUR DE LA RESISTANCE
Jean Moulin a fait des choix dès juin 1940. Il quitte son appartement de la rue des Plantes, dont il reste quelques meubles exposés, et gagne le Royaume-Uni en passant par le Portugal. Ses papiers établis sous un faux nom racontent son voyage, une combinaison de saut évoque son retour parachuté en France dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942. Le général de Gaulle le charge de la mission Rex consistant à structurer la Résistance. Des témoignages explicitent son travail pour la coordonner et obtenir des chefs des mouvements une uni’cation dans le Conseil national de la Résistance, dont la première réunion se tient à Paris le 27 mai 1943, malgré l’Occupation. La vie of’ficielle de Jean Moulin est celle d’un propriétaire, galeriste à Nice : des tableaux de sa collection personnelle sont présentés dans l’exposition, dont trois œuvres de Maurice Utrillo. Arrêté le 21 juin 1943 à Caluire-et-Cuire, torturé, Jean Moulin décède le 8 juillet 1943.


Salle 8 : LECLERC, CHEF DE GUERRE
Le général de Gaulle missionne le capitaine Leclerc de rallier l’Afrique équatoriale française à la France libre. Des portraits de Français libres de la colonne Leclerc et des objets ayant appartenu à ces soldats permettent de comprendre leur engagement malgré leur équipement dérisoire. Pourtant, ils obtiennent la reddition du poste italien de Koufra (Lybie) le 1er mars 1941. Leclerc mène des raids dans le Fezzan libyen en 1942 et 1943 avant de conduire des opérations en Tunisie, suggérées par des prises de guerre de soldats de la force L. À compter d’août 1943, Leclerc forme la 2e Division blindée, en s’adjoignant des volontaires venus de France par l’Espagne et des soldats de l’armée d’Afrique. Des portraits d’hommes et de femmes racontent des trajectoires individuelles. Leur équipement, en exposition, est celui que leur a donné l’armée américaine.


Salle 9 : LE TEMPS DU DÉBARQUEMENT
Du printemps à l’été 1944, la perspective du débarquement durcit les positions des Allemands. La 2e DB arrive en France le 1er août 1944, deux mois après le débarquement allié de Normandie. Sa participation aux durs combats contre les Allemands est abordée par des objets ayant appartenu à des soldats morts au combat.


Salle 10 : LES COMBATS DE LA LIBÉRATION DE PARIS (AOÛT 1944)
En août 1944, les FFI décident de passer à l’action pour que la capitale soit libérée. L’insurrection est lancée le 18œaoût. La préfecture de police puis l’hôtel de ville sont occupés par les Forces françaises de l’intérieur et des barricades s’élèvent dans les rues de la capitale. Jour par jour, des tracts, des documents, des objets et des ’films font revivre au visiteur les attaques, les ripostes, les Allemands retranchés dans leurs points d’appui et la 2e DB qui reçoit en’n l’ordre de venir libérer Paris. Le 24 août, les premiers éléments comprenant des soldats espagnols de la 9e Compagnie du RMT (la Nueve), 3œ chars du 501e régiment de chars de combat et des éléments du génie, conduits par le capitaine Dronne, arrivent à Paris. Le lendemain, les ’films montrent la 2e DB et la 4eœdivision d’infanterie américaine combattant dans Paris. La reddition du général allemand von Choltitz est acquise.


ATRIUM : PARIS LIBÉRÉ (25-26 août 1944)
Un dispositif audiovisuel composé de dix-huit écrans symbolise la France relevée et fait écho à l’installation sur l’Exode de 1940. Un montage sur le défi’lé du 26 août 1944 montre le général de Gaulle descendant les Champs Elysées face à une foule immense et en liesse. Mais les traces de l’Occupation ne s’évanouissent pas d’un coup, en témoignent les actes de revanche de la population : cet envers du décor est visible au revers des écrans.





Vareuse française du Général Leclerc. Leclerc a porté cette vareuse au Tchad et en Tunisie.

Canne du Général Leclerc.




Robe tricolore décorée avec des monuments parisiens, 26 août 1944.

Marguerite Doumeng est née en 1914 à toulouse. Elle est licenciée d'Anglais et séjourne en Grande-Bretagne en 1936. Elle épouse Edmond sabaut et vit à Paris dans le 19ème arrondissement.

A l'approche de la Libération, cette mère de famille confectionne une robe bleu-blanc-rouge dans l'espoir de la porter bientôt. le 26 août 1944, elle peut enfin l'arborer lors du défilé sur les Champs-Elysées, avec ses boucles d'oreilles et son sac à croix de Lorraine.


UN ABRI DE DÉFENSE PASSIVE TRANSFORMÉ EN PC MILITAIRE
Moment phare de l’exposition, la visite de l’abri de défense passive. Ce lieu était à l’origine conçu pour permettre aux services administratifs de fonctionner en dépit des bombardements. Les visiteurs découvrent la défense passive avec la présence d’un cyclo-pédaleur original, et entrent dans les pièces occupées par le colonel Rol-Tanguy et son état-major des forces françaises de l’intérieur de la région parisienne en pleine insurrection, à partir du 20 août 1944. Pour une expérience encore plus immersive, une visite de découverte en réalité mixte est disponible.







Un couloir du PC militaire souterrain de Rol Tanguy.








Porte blindée d'accès au PC militaire souterrain de Rol Tanguy.

GALERIE : L’APRÈS-GUERRE ET LES MISSIONS DE LECLERC
La liesse de la Libération ne peut pas masquer la réalité. Le bilan humain de la Seconde Guerre mondiale est particulièrement lourd et le retour à la normale est complexe. Le général Leclerc représente la France à la capitulation japonaise le 2 septembre 1945 à la ’fin de la Seconde Guerre mondiale. Un ’film vient expliciter la situation que le général Leclerc de Hauteclocque affronte en Indochine, et la nouvelle mission qui lui est con’fiée en tant que commandant du corps expéditionnaire en Extrême-Orient.
Cette expérience met en avant les qualités d’analyse et le pragmatisme que le général a aiguisé au cours de la guerre. Après l’Indochine, il est nommé inspecteur des forces armées en Afrique du Nord. Son décès prématuré dans un accident d’avion, le 28 novembre 1947, brisera net une carrière hors du commun.
Avant de quitter l’exposition, une frise rappelle aux visiteurs le devenir des hommes et des femmes qu’il a croisé dans le parcours.